28 octobre 2006

Dominique Jean LARREY

Le précurseur de la chirurgie d'urgence…


Il naît à Beaudéan, près de Bagnères-de-Bigorre, le 8 juillet 1766. Issu d'une modeste famille pyrénéenne, il connaît la vie rude d’un petit campagnard. Après le décès de son père en 1770, il est confié au curé du village, puis à son oncle, chirurgien à Toulouse. Il se lance alors dans la médecine et soutient sa thèse en 1786.

Il commence en 1787 comme chirurgien de la marine royale sur la frégate « la Vigilante » en mer d'Irlande. Ayant le mal de mer, il retourne à Paris et reprend ses études, notamment auprès du Docteur Pierre Joseph Desault à l’Hôtel-Dieu. Quand débute la Révolution. il est affecté comme chirurgien à l'armée du Rhin, première étape d'une carrière qui le conduira sur tous les champs de bataille d'Europe, de l'Espagne à la Russie, et même dans les déserts d'Égypte et de Syrie.


Il est consterné par la mauvaise organisation du service de Santé des Armées et en commence la restructuration. En outre, il crée ses « ambulances volantes » sous la forme de voitures à cheval légères et suspendues, percées de deux fenêtres sur les côtés, et ouvrant, à l’avant et à l’arrière, par une porte à deux battants. Elles ont pour but de transporter les blessés immédiatement après les premiers soins donnés sur la zone des combats afin de les opérer dans les heures suivantes. Chirurgien-chef de l'armée d'Orient, en 1798, il participe avec Desgenettes à l'expédition d'Egypte. S'adaptant aux conditions locales, il installe ses ambulances volantes à dos de chameau. Rapidement remarqué et apprécié de Bonaparte pour son désintéressement et son dévouement, il devient son ami et le suivra dans toutes ses campagnes. Vivant pour les soldats, il est insensible au danger des balles et des boulets, à la fatigue ou à la faim tant que sa tâche n'est pas terminée. Il est capable d'amputer un membre en moins d'une minute à une époque où… l'anesthésie n'existe pas. Son dévouement et son inlassable activité lui valent le surnom de « Providence des soldats ». De surcroît, il soigne les blessés sans distinction de nationalité, ce qui lui vaut également l'estime des officiers ennemis. A Waterloo, Wellington, l'ayant aperçu sur le champ de bataille, dira en levant son bicorne : « je salue l'honneur et la loyauté qui passent ». Il est nommé Chirurgien-chef de la Garde Consulaire, puis inspecteur général du Service de Santé des Armées, puis Chirurgien-chef de la Garde Impériale. Il reçoit la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur sur le champ de bataille d’Eylau en 1807. Il est fait baron de l'Empire à Wagram en 1809. Il demande à Napoléon de le suivre sur l’île d’Elbe, ce que refuse l’Empereur. Il est blessé et fait prisonnier à Waterloo en 1815 mais, sur le point d'être fusillé, il est sauvé par un officier prussien dont il a jadis soigné le fils. Inquiété sous la seconde Restauration, il conserve cependant sa fonction de Chirurgien-chef de l'Hôpital de la Garde et son titre de baron. Puis, par ordonnance de Louis XVII, il est nommé à l'Académie de Médecine lors de sa création en 1820, et à l'Académie des Sciences en 1829. Louis-Philippe lui rend son siège au Conseil de la Santé en 1830. Il enseigne au Val de Grâce de 1826 à 1836. Il est nommé Chirurgien-chef de l'Hôpital des Invalides en 1831. Mis à la retraite en 1836, il se consacre à ses « Mémoires et campagnes ». Par une nuit glaciale de décembre 1840, ayant revêtu son uniforme de Wagram et appuyé sur le bras de son fils, il ne manque pas d’assister au retour des cendres de Napoléon.


Ce chirurgien de légende, « l’homme aux six blessures, cinquante-cinq batailles, quatre cents combats », s’éteint à Lyon, le 25 juillet 1842, à l’âge de 75 ans. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise mais, selon son désir de reposer « au milieu de ses vieux soldats », son corps sera transféré aux Invalides en 1992. Il a laissé son nom à un hôpital militaire à Versailles qui a fermé ses portes en 1995. Son nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe. Il a une statue au Val de Grâce, à l’Académie de Médecine ainsi qu’à Tarbes en l’honneur de l’enfant du pays. A Sainte-Hélène, Napoléon a dit de lui : « c’est l'homme le plus vertueux que j'ai rencontré ».