29 octobre 2006

Claude BERNARD

Le premier physiologiste expérimental…


Il naît à Saint-Julien dans le Beaujolais le 12 juillet 1813. Fils de vigneron, il apprend à lire et à écrire avec le curé du village, puis entre aux collèges de Villefranche-sur-Saône et de Thoissey dans l'Ain. Contraint de gagner sa vie, il prend un emploi de préparateur dans une pharmacie des faubourgs de Lyon. Peu passionné par ce gagne-pain, il rêve d’une carrière littéraire. Il prend alors la diligence pour Paris. Il est muni d’une recommandation pour Saint-Marc Girardin, professeur de littérature à la Sorbonne et célèbre critique de l'époque. Malheureusement (ou heureusement…), ses œuvres théâtrales n’obtiennent pas le succès escompté et, sur le conseil de Girardin, il s'inscrit à la Faculté de Médecine de Paris : « Vous avez fait de la pharmacie, faites de la Médecine et gardez la littérature pour les heures de loisir »…

Qu’à ne cela ne tienne, Claude Bernard est nommé Externe des Hôpitaux de Paris, puis Interne en 1839. Cependant, après avoir obtenu son diplôme de Docteur en Médecine en 1843, il connaît un début de carrière difficile. En 1844, il échoue en effet à l’agrégation de médecine. Il ouvre ensuite un laboratoire rue Saint-Jacques mais le projet avorte par manque d'argent. Il est découragé mais François Magendie remarque ses compétences et lui propose un poste dans son laboratoire. Claude Bernard entre donc à l’Hôtel-Dieu dans le service du célèbre physiologiste, et va devenir son éminent disciple et digne successeur.


Il devient ainsi son préparateur au Collège de France puis, en 1847, est nommé suppléant de Magendie au sein de l’institution. Il se détourne alors de plus en plus de ses activités à l’hôpital au profit du laboratoire, se consacrant essentiellement à la recherche. Il pose les principes de la médecine expérimentale : « observation, hypothèse, confirmation ou infirmation ». Sa méthodologie novatrice est féconde. Elle lui permet de faire progresser la physiologie et ses nombreuses découvertes dans le domaine de la physiologie générale restent pour la plupart définitives. Il montre que la vie des êtres vivants est le résultat de la vie de leurs éléments anatomiques et il démontre en particulier le rôle du sang comme régulateur de toutes ces vies individuelles, véritable milieu intérieur au sein duquel vivent les cellules de l'organisme. Il se fait connaître par ses observations sur des sujets aussi divers que le suc gastrique, la fonction glycogénique du foie, le rôle du pancréas, la vaso-motricité, la toxicité du curare, etc… Ses nombreuses publications donnent à la physiologie expérimentale un essor prodigieux. Sa célèbre « Introduction à l'étude de la Médecine expérimentale », publiée en 1865, consigne l’essentiel de sa pensée et connaît un immense succès. Louis Pasteur écrit : « Oh ! la bienfaisante lecture que cette des travaux des inventeurs de génie ! ». Henri Bergson dira : « Cet ouvrage est pour nous ce que fut pour le XVIIème siècle le Discours de la Méthode ».


Les honneurs ne tardent pas à affluer. Il est admis à l’Académie des Sciences, à l'Académie de Médecine et même… à l'Académie Française. Il est nommé Professeur de physiologie expérimentale à la Sorbonne en 1852, à la Faculté des Sciences de Paris en 1854, au Collège de France où il succède à son maître Magendie en 1855, et au Muséum d'Histoire Naturelle en 1868. Son activité sans relâche fait du Collège de France un des hauts lieux scientifiques du Second Empire. A l’occasion de la seconde Exposition Universelle de Paris en avril 1867, le ministre de l’Instruction publique, Victor Duruy, lui commande un « Rapport sur les progrès et la marche de la physiologie générale en France ». Napoléon III le fait Commandeur de la Légion d'honneur. Il devient également Sénateur par décret impérial en 1869.

Il meurt le 10 février 1878, à l’âge de 64 ans, en s’excusant : « c’est dommage, pendant le dernier été, j’avais très bien travaillé à de belles choses »… Cet inlassable expérimentateur laisse alors une œuvre immense, digne des plus grands savants que la France ait connus, préparant ainsi l'avènement de Pasteur. La Troisième République, à l’initiative de Léon Gambetta, lui offre des funérailles nationales. C’est la première fois qu'un scientifique français reçoit un tel honneur. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Il a sa statue devant le Collège de France et dans la cour d’honneur de l’Université lyonnaise qui porte son nom. Il a dit : « les hommes disparaissent, la méthode reste ».