Armand TROUSSEAU
Le Maître de la Clinique française moderne…
Il naît à Tours le 14 octobre 1801, peu de temps après le coup d’état du 18 brumaire, dans une France en période de relative paix intérieure. Jeune orphelin d’un père enseignant, il bénéficie d'une bourse pour faire ses études secondaires au lycée d'Orléans, puis à celui de Lyon où il est le condisciple d’Edgar Quinet. Il est ensuite quelque temps professeur de rhétorique à Châteauroux mais, fortement attiré par la médecine, il change d'orientation et commence ses études à Tours.
Il est ainsi, avec Alfred Velpeau, l'élève reconnaissant du remarquable Pierre Bretonneau, également tourangeau, dont il sera l’ami fidèle, le fils spirituel et le brillant continuateur. Il poursuit ses études à Paris où il fréquente entre autres François Broussais, Joseph Récamier, Théophile-René Laënnec, Jacques Lisfranc. Son ascension est fulgurante. Il est brillamment nommé Agrégé de la Faculté de Médecine de Paris en 1827, puis Médecin des Hôpitaux en 1830, pour enfin accéder, en 1852, à la Chaire de Clinique Médicale de l'Hôtel-Dieu de Paris qui est un des postes les plus prestigieux de l’époque. Il est même élu député d'Eure et Loir en 1848. Il devient membre de l'Académie de Médecine en 1856.
Avant tout clinicien et thérapeute, il est un des plus grands praticiens de son temps et un des principaux acteurs de la révolution que vit la médecine en cette période charnière du XIXème siècle. Son visage noble, encadré de favoris touffus à la mode à l'époque, son calme, sa courtoisie et son attitude attentive inspirent la confiance. Il devient donc un consultant très sollicité. En outre, sa vaste culture, ses qualités d’orateur et son talent pédagogique exceptionnel en font un des plus brillants professeurs de son époque et rendent ses leçons cliniques captivantes et très fréquentées. Il diffuse ainsi les idées de son maître Bretonneau qu’il a du reste sauvé d’un injuste oubli. Son célèbre traité de la « Clinique médicale de l'Hôtel-Dieu », publié en 1861, lui permet d’acquérir une renommée mondiale. Modèle de clarté et de précision, cet ouvrage fait le point entre autres sur la variole, la diphtérie, la notion de la contagion par des germes, la tétanie (signe de Trousseau), l'asthme (dont il est lui même atteint), l’angine de poitrine, le goitre exophtalmique, mais aussi sur l’ulcère chronique simple de l’estomac, la fissure à l’anus, les coliques hépatiques, l’ictère grave, la cirrhose, etc… Maintes fois traduit et réédité, il instruira plusieurs générations de médecins. De surcroît, Armand Trousseau est un adepte de la trachéotomie, notamment dans le croup, et reste connu pour avoir inventé la thoracenthèse dans les épanchements pleuraux, dont le procédé sera d’ailleurs perfectionné par Georges Dieulafoy.
Il meurt le 23 juin 1867, à l’âge de 66 ans, au seuil de l’ère pastorienne. Il est emporté dans la souffrance par un cancer de l'estomac dont il a lui-même fait le diagnostic quelques mois auparavant. En tenant la main de sa fille, il soupire dans un dernier souffle : « Tant que je la serrerai, je serai vivant… Après, je ne saurai plus où je serai… ». Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.